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  • Jilda Hacikoglu

D’Ayrton Senna à Pierrot en jet privé

Les admirations de l’adolescence ont parfois des suites surprenantes.

A l’époque où la rivalité Prost-Senna battait son plein en Formule 1, Sébastien était fan d’Ayrton Senna, juste parce que son frère soutenait Alain Prost. Le Brésilien s’est tué prématurément sur un circuit d’Italie, mais quelques décennies plus tard, son destin philanthrope continue d’inspirer le fondateur et dirigeant de Jet Solidaire, première agence solidaire de location d’avions d’affaires.


Ayrton Senna brandissant le drapeau brésilien.

« Le pilote m'a enthousiasmé par son pilotage et ses courses de légende. Mais aujourd'hui, c'est surtout le philanthrope et l'homme à l'origine de la Fondation Senna, qui aide chaque année 1,5 millions de jeunes brésiliens, que je trouve remarquable.»



L’entreprise Jet Solidaire a été lancée par Sébastien Dequenne avec l’idée de décupler les actions sociales dans lesquelles il s’était déjà beaucoup impliqué[1]. Avec un naturel déconcertant, cet ingénieur aéronautique explique qu’il voulait utiliser la location d'avions d'affaires pour aider les plus démunis.

Les deux mondes n’avaient pourtant pas encore vu ce lien et Sébastien a découvert, étonné, qu’ils sont victimes autant l’un que l’autre, d’idées reçues. Fausses bien sûr.

Dans les maraudes on s’étonnait de son initiative. L’aviation d’affaires est associée au luxe, alors que c’est une 'machine à gagner du temps', un véritable besoin économique de l’entreprise. Les soignants acheminés par Aviation Sans Frontières[2] le vivent aujourd’hui, mais pour d’autres activités aussi, l’intérêt est patent. Loin de tout bling-bling les clients de Jet Solidaire sont invités à un usage responsable de l’avion, y compris pour limiter et compenser l’impact carbone (charte JS). L’engagement solidaire tutoie ainsi des offres d’excellence aux prix compétitifs.


De même Sébastien était surpris qu’on lui demande si ce n’était pas difficile de vivre en colocation avec d’anciens sans-abris. Lui répondait qu’en fait, le plus difficile n’était pas tant de vivre avec d’anciens sans-abris, mais peut-être bien avec les autres bénévoles. Comme dans toute colocation, le bonheur dépend des habitants. Ce qu’il retient de ces vies-là, ce sont surtout les grandes souffrances intérieures qui ont conduit à la rue, et qu’il s’applique à soulager par sa présence franche. Sans fard.


Trouver sa place a pu être difficile dans les débuts, mais rester lui-même a été son meilleur atout. C'est un point essentiel de tout engagement, quel qu’il soit, à ses yeux : ne pas aller au-delà de ses capacités. D’abord pour contribuer avec bienveillance, mais aussi pour ne pas s’épuiser ou perdre son élan.



Avec Yves, Kenny, Rachid et Gilbert (3è vol solidaire)

Depuis 2015 Jet Solidaire fait ainsi le passeur entre les deux mondes qui se rencontrent avec leur lot d’émotions insolites. Comme ce client ordinaire qui, séduit par la qualité du service, interroge Sébastien sur ses partenariats solidaires, ou Pierrot, un ami ancien sans-abri, d'abord surpris, après un vol à bord d’un jet privé que tout le monde ait été "si gentil !".


Alors malgré les difficultés de la crise sanitaire (les affaires en pâtissent et c’est d’autant plus frustrant d’être limité face à tant de besoins), Sébastien garde sa solidité souriante. Il continue de rêver même, et admet qu’un parrainage illustre serait idéal. Avec le champion Kylian Mbappé par exemple, passager habituel de vols privés et porteur notoire de valeurs solidaires.


Après tout, pourquoi affréter des avions privés tout seul, quand on peut le faire aussi pour l’humain ? C’est l'ordre des choses pour Sébastien, et ajuster son propre regard pour le suivre offre un bel horizon.

[1] Depuis une première immersion dans un bidonville de Philippines jusqu’aux maraudes de Paris XV avec la Croix rouge, en passant par le Brésil (forcément), le Pérou ou une association française de réinsertion de jeunes dont il est toujours un des administrateurs (Bergerie de Faucon). [2] Une ONG partenaire de Jet Solidaire, dont l’action a débuté dès 1980 pour mettre l’aviation au service de causes humanitaires. Durant la crise actuelle cette ONG achemine les soignants des zones les moins touchées là où les besoins sont les plus criants.

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