J’ai un gros défaut. Chez moi c'est le confort d'abord, quitte à passer avant l'esthétique. Pas toujours très féminin mais bigrement pratique dans beaucoup de situations.
Avec cette tendance, intégrer les logiques du non-écrit à l’écrit est selon moi bienvenu. Ne serait-ce que pour lancer l’idée dans une première version vivace. Expressive. Sinon l’ennui vient très vite.
Un travail avisé de relecture et d’aller-retour fait le reste bien sûr, mais au départ, ce que nous savons déjà pour communiquer sans écrit, est tout bonnement utile pour composer.
C’est comme changer ses chaussures de ville trop guindées, pour enfiler des baskets. Plus simple non ? Et en baskets, on s’entraîne aussi…
Tout cela pour dire qu'en dehors de l’écrit tout le monde expérimente mille autres modes de communication. Qu’il s’agisse de communication verbale, non-verbale, de silences, de rythmes, ou d’intonations, nous savons tous faire - ou taire - mille et une subtilités en direct.
Même à distance, en vocal ou en visio.
Quel serait donc l’intérêt d’ignorer cette expérience de communication première ?
Au contraire tout est bon et même important à prendre, dès lors qu’il s’agit de servir le même objectif : faire passer un message.
Cette approche décomplexée de l’écrit est au cœur d'une touchante anecdote de Daniel Pennac.
L’ancien professeur avait accepté une mission auprès d’élèves en rejet absolu de l’écrit. Il s'est d'abord interdit d’utiliser le mot « écrire » en classe. Durant les cours ils se racontaient leurs histoires ou montaient gaiement des saynètes de théâtre inspirées de classiques.
Le vrai déclic eut lieu quand un jour, Pennac leur a raconté un rêve où ces élèves étaient venus le visiter. Le futur auteur de La loi du rêveur leur avait ainsi conseillé de noter leurs rêves pour les raconter en classe.
Pas les ‘écrire’ : les noter.
Chacun s’est ensuite mis ainsi à ‘lire’ ses rêves. Ils avaient écrit sans s’en rendre compte. Pourtant quand Pennac leur avait fait remarquer, ils avaient résisté : « Mais c’est pas de l’écriture ça ! C’est pas écrit comme il faut. »
Une intuition a alors conduit l’ancien prof à demander qu’on lui dicte les notes, pour qu’il les écrive au tableau.
L’écrivain raconte ensuite comment de voir ‘leurs rêves transcrits en habits du dimanche, bien repassés, avec la bonne ponctuation, la juste orthographe, etc’, a été une révélation chez ces gosses qui étaient en échec absolu, et ne voulaient plus rien écrire.
Après cela, ils ont pu tranquillement apprendre la grammaire et autres structurations de la langue qui leur manquait. Mais avant, ils avaient surtout eu besoin de ce rappel qui leur montrait que tous, ils savaient déjà communiquer.
Joli contournement de l’obstacle que l’on se met couramment quand il s’agit d’écrire.
Autre possibilité, celle suggérée par cette conférence, où Madame Langage joue de sa voix en beauté.
La linguiste et artiste Jeanne Bordeau y dévoile quelques coups de baguette magique du langage dont nous jouons tous.
Du langage qui est plus que des mots. Leur sens précis se perçoit autant par la place qu’on leur accorde, que le contexte dans lequel ils sont prononcés.
De l’association indispensable entre la raison et l’émotion, ces deux registres qu’on oppose si souvent, mais qui sont essentiels pour que le langage passe.
Et de style. L’art et la manière auxquels chacun de nous est sensible, consciemment ou non.
Cette magie qui enchante, nous pouvons tous en jouer. Partout. A l’écrit ou ailleurs, pour qu’opère la magie de la communication.
D’où cette proposition finale de coach écrivaine : dans l’astuce de ce mois, je vous suggérai d’emballer vos ‘merci’ d’une manière particulière. Vous pourriez maintenant le faire en y ajoutant cette conscience supplémentaire :
- des mots choisis ; lequel utilisé pour dire quelle partie ?
- de ce qui parlerait plus particulièrement à l’autre dans votre cas ; qu’avez-vous remarqué de spécifique à cette personne ?
- et de votre style à vous pour partager ce genre de cadeau ; comment avez-vous envie que sonne votre message?
Il ne vous restera alors plus qu’à en savourer les effets…
Bon dimanche !
Yorumlar